Lucas Rostagnat, 28 janvier 2025

Habitée, nécessaire, subie ou ennuyeuse, l’imaginaire de la solitude est peuplé d’innombrables figures, s’excluant parfois les unes des autres, tant les ressentis qu’elles convoquent varient. Pourtant, toutes ces solitudes ne se valent pas : alors que le retrait d’Henri David Thoreau à Walden suscite l’admiration, la coupure du monde du sans-domicile fixe (Bordiec, 2017) ou du vieillard mourant (Elias, 1998 [1982]) génère de la peur. Si cette expérience courante de la vie quotidienne fascine autant qu’elle répulse, elle semble en tout cas inquiéter les pouvoirs publics de certains pays occidentaux qui choisissent de lutter contre l’isolement de leurs citoyen·nes. En France par exemple, la solitude est choisie comme grande cause nationale en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy et les rapports du ministère des Solidarités et de la Santé s’alarment régulièrement des ruptures dans la cohésion sociale (Duthy, 2020). La dernière étude de la Fondation de France estime quant à elle que 7 millions de personnes seraient en situation d’isolement en France en 2021, soit 14% des Français·es, contre 9% en 2010[1]. En 2018, le Royaume-Uni se dote d’un ministère de la Solitude chargé d’endiguer la montée de l’isolement des Britanniques, précédant ainsi le Japon qui créé son ministère de la Solitude en 2021, sur fond de pandémie de Covid-19 et de hausse du taux de suicide dans le pays. À côté de ces initiatives publiques, et comme pour les compléter, coexistent tout un ensemble de produits offrant aux consommateur·ices des solutions pour sortir de l’isolement (Bordiec, 2017) ou pour rendre leur solitude propice à l’épanouissement personnel[2].
La solitude : une expérience qui se vit seul·e ou à plusieurs ?
Comment alors définir adéquatement cette expérience aux multiples visages ? La solitude est un objet d’étude encore relativement récent en sociologie, discipline qui a eu historiquement tendance à traiter davantage de ce qui relie les individus entre eux que de ce qui les isole (Van de Velde, 2018). Il n’existe donc pas de consensus sur la définition de la solitude tant il est clair que différentes conceptions des liens sociaux induisent en retour différentes acceptions de cette notion. Chez Émile Durkheim par exemple – lequel met l’accent sur l’importance, pour la « cohésion sociale », du lien social et l’intégration des individus à des communautés de pairs (Durkheim, 1960 [1897]) –, la solitude est fondamentalement appréhendée au prisme du manque ou de l’absence de lien(s) (Van de Velde, 2018). Nombre d’enquêtes sociologiques demeurent marquées par cette perspective (Elias, 1998 [1982] ; Putman, 2000 ; Paugam, 2014 ; Campéon, 2015). Dans cette approche relationnelle, la solitude apparaît comme un synonyme d’isolement social, comme un fait objectivable à travers la quantification du nombre (ou l’absence) de relations sociales qu’entretiennent les individus entre eux[3]. En creux, la solitude constituerait un danger, une déchéance « subie » face à laquelle il conviendrait d’opposer une meilleure intégration des individus. Et certainement, il est des contextes dans lesquelles la solitude prend effectivement cette forme.
Pourtant, deux années d’enquête de terrain sur les usages sociaux de la solitude nous ont appris que cette définition n’épuise pas le réel[4]. En effet, au cours de l’investigation, il est apparu que la définition exclusive de la solitude comme absence de lien n’était pas toujours opérante pour rendre compte de la manière dont celle-ci est pratiquée ou ressentie par nos enquêté·es. La solitude que certain·es d’entre elles·eux donnent à voir ne peut pas totalement se confondre avec la notion d’isolement social : leurs usages du monde social et leurs discours à son endroit montrent qu’il est possible d’être seul·e, même entouré·e. Étant ainsi entendu que les liens peuvent être, en eux-mêmes, source de solitude (Schurmans, 2003), nous prenons le parti de ne pas limiter la solitude à un fait quantifiable. Coupure temporaire ressentie comme nécessaire pour certain·es – solitude « stylisée » –, impossibilité et échec de construction et de mobilisation du capital social pour d’autres – solitude « pathologique » (Peynet, 2012) –, la solitude est une expérience plurielle dont le sens peut être en permanence redéfini par celui ou celle qui l’expérimente. Dans le même temps, l’apparente intimité de la solitude ne doit pas cacher ce que cette pratique doit, en réalité, à la socialisation des individus (Simmel, 2013 [1903]) et au contexte sociotechnique dans lequel ils sont nécessairement pris. Nous revendiquons ainsi la posture théorique d’un relationnisme méthodologique – selon lequel « les relations sociales [sont] les réalités première » (Corcuff, 2006) – qui nous permet de considérer que la solitude intéresse la sociologie en tant qu’elle est une modalité particulière de mise en forme de la vie sociale. Par cette approche, nous replaçons les « solitaires » dans les contextes sociaux dans lesquels ils s’inscrivent (Kaufmann, 1995), et les contextes idéologiques qui produisent et modèlent les manières de voir, d’exprimer et de vivre la solitude (Slater, 1990 [1970]). Ce regard permet de souligner qu’être et se vouloir seul·e n’est pas sans lien avec les caractéristiques socioéconomiques des solitaires puisqu’il rappelle que « le monde social est tout aussi indispensable aux “retirés” qu’aux autres » (Bordiec, 2018, p. 5).
L’importance d’intégrer le contexte sociotechnique dans l’analyse des solitudes contemporaines
Retenons de ce qui a été dit jusque-ici que la solitude n’est pas (seulement) le signe d’une absence de sociabilité (Trépied, 2016) puisqu’elle peut au contraire en être une modalité particulière : « le fait d’être en retrait de la vie sociale est le produit de relations sociales – la socialisation à la solitude – et non d’un “détachement” ou d’une “sortie” du lien social. » (Bordiec, 2017, p. 4). Selon le sociologue Sylvain Bordiec, la solitude apparaît donc comme un processus largement dépendant de la socialisation des individus et qui influence celle-ci en retour. Dire cela, c’est également émettre l’hypothèse selon laquelle les solitudes ne se vivent pas de la même manière selon la place occupée dans l’espace social et les capitaux associés à cette position. Une analyse sociologique des solitudes doit prendre en compte les manières dont les individus investissent, jugent et jouent avec ces expériences en gardant à l’esprit que ces investissements, jugements et jeux sont toujours dépendant de la socialisation et des ressources dont disposent ceux qui les émettent (Bourdieu, 1979). Car – et c’est ce que nous souhaiterions montrer ici – nous pensons que pour parvenir à ce qu’ils·elles considèrent être une solitude, les acteur·ices sociaux peuvent mettre en place des stratégies qui diffèrent selon leurs caractéristiques. Si l’analyse de données quantitatives sur le taux d’isolement peut être utile et mobilisable ailleurs, l’entretien semi-directif constitue certainement la méthode la plus efficace pour rendre compte de ce que les solitudes doivent aux caractéristiques socioéconomiques des solitaires. La méthodologie qualitative ainsi déployée dans ce fragment d’une enquête plus large[5] est nécessaire pour produire des analyses fines concernant les processus biographiques qui mènent les individus à rechercher la solitude, ou non.
L’emploi du terme de « stratégies » de solitude – au sens de techniques permettant de parvenir à la solitude – peut sembler déroutant au premier abord : avons-nous réellement besoin de stratagèmes pour nous sentir seul·es ? Mais si nous employons ce terme, c’est qu’il s’agit de prendre au sérieux la manière dont le contexte technique contemporain influe sur les sociabilités Aujourd’hui, le contexte social des solitaires influe sur leur manière d’être seul·es mais pas uniquement : à cela vient s’ajouter l’impact des technologies de communication instantanée sur les sociabilités (Casilli, 2010). Notre hypothèse de travail est ainsi que le contexte sociotechnique, c’est-à-dire l’ensemble des technologies ainsi que les capacités inégalement réparties socialement de s’en saisir et d’en user, influe sur les pratiques de solitude. L’expérience de la solitude tend à être modifiée par la capacité d’autrui à rentrer en contact avec nous, capacité permise par la massification de l’usage des techniques de communication instantanée (Jauréguiberry & Lachance, 2016). La partie suivante devrait permettre d’étayer cette hypothèse plus avant.
L’individu moderne, un individu requit par la technique
L’analyse que fait le philosophe Martin Heidegger de la technique nous semble être un outil adapté pour mettre en lumière l’impact du contexte technique sur les solitudes. Selon Heidegger, la particularité de la technique moderne réside dans le fait qu’elle met la nature en demeure de livrer une énergie qui puisse être extraite et accumulée. L’exemple paradigmatique qu’il donne est le suivant : « la centrale électrique est mise en place dans le Rhin. Elle le somme de livrer sa pression hydraulique, qui somme à son tour les turbines de tourner » (Heidegger, 1993 [1954], p. 21). Cette mise en demeure constitue pour le philosophe l’essence même de la technique moderne et implique une modification profonde de notre rapport à la nature. Ainsi soumise à cette sommation de livrer ses ressources, la nature devient un simple « fonds » disponible – c’est ce qu’Heidegger appelle l’Arraisonnement[6], dans lequel réside toute son inquiétude face à la technique moderne.
Alors qu’Anna, étudiante en sociologie franco-polonaise de 24 ans, nous raconte lors d’un entretien que sa mère peut parfois avoir jusqu’à 200 notifications non ouvertes sur son téléphone portable, elle nous explique que c’est quelque chose d’inimaginable pour elle : « ça me flippe des fois quand je regarde ça. Parfois sur Facebook je me dis : “mais qu’est-ce que pensent ses amis quand elle ne répond pas comme ça !” ». Anna déteste ne pas répondre, à la fois par peur d’être méchante nous dit-elle, mais aussi parce qu’elle « sait que c’est horrible » quand quelqu’un ne répond pas. C’est pourquoi elle répond toujours à ses proches quand elle reçoit un message. Ce sentiment d’obligation de répondre à l’autre par peur de ne pas blesser peut se comprendre comme une conséquence logique et intériorisée de la mise en demeure, de l’Arraisonnement opérée par la technique moderne : « en tapotant [sur mon smartphone], je soumets le monde à mes besoins. Le monde m’apparaît sous l’apparence numérique de la disponibilité totale » écrit ainsi Byung-Chul Han (Han, 2022, p. 34). Avec Han, le smartphone et les applications de communications instantanées rejoignent ce qu’Heidegger désigne sous le terme de Gestell pour en constituer le paroxysme. « Le smartphone est un Ge-Stell, un dispositif, au sens heideggérien, qui, en tant qu’objet de la technique, unit en lui toutes les formes qui mettent à disposition » écrit-il (Han, 2022, p. 37). Sommés de répondre face à un dispositif requérant, les individus, alors conçus eux-mêmes comme des fonds, peuvent se sentir dans l’obligation de répondre aux messages qu’ils reçoivent et l’accumulation de notifications non ouvertes peut ainsi apparaître comme une source de stress.
Mais Han oublie toutefois de préciser que la capacité de requérir l’autre grâce au dispositif « smartphone » n’est nullement immédiate ni universellement acquise ; c’est au contraire une aptitude inégalement répartie socialement. Car quiconque dispose d’un smartphone ne peut disposer automatiquement de l’attention d’Anna comme elle nous l’explique par la suite. Certes elle répond toujours à ses proches, mais il y a aussi des personnes envers lesquelles elle ne semble ressentir aucune obligation de répondre : « il y a des gens à qui je n’ai pas envie de parler. Donc des fois je suis pas idéale. Je ghoste aussi parfois [pratique de ne pas répondre à un message] » nous explique-t-elle, avant de raconter la fois où un garçon lui a demandé son numéro de téléphone de manière non-sollicitée. Face à quelqu’un à qui elle a envoyé des signes qu’elle n’était pas intéressée, Anna nous explique qu’elle n’a pas répondu à ses messages à la suite de cette rencontre. Ainsi, les individus qui tentent le plus de s’imposer à l’autre et de requérir leur attention de manière non-sollicitée par message ont paradoxalement le moins de chance d’obtenir une réponse, tandis que ceux déjà admis dans le cercle d’amitié auront une plus grande capacité à requérir l’autre. En réalité, cela s’explique très bien si l’on considère que les relations que nous avons sur internet ne sont jamais qu’un prolongement de notre sociabilité réelle (Casilli, 2010). Il semble donc que les technologies de communication permettent aux individus de rester connectées entre eux à condition qu’ils aient tissés des liens autrement que virtuellement. Contre l’hypothèse selon laquelle les individus modernes seraient de plus en plus « seuls ensemble », c’est-à-dire connectés via les réseaux sociaux mais sans lien de sociabilité réel (Turkle, 2017), nous voyons ici l’exemple de liens virtuels qui dépendent en fait des liens tissés au préalable par le contact réel.
Dans ce contexte de requête permanente de soi par l’autre, on comprend que la solitude ne s’obtient pas simplement en s’isolant physiquement. Les technologies de communications dédoublent les liens qui nous relient aux autres en y ajoutant une strate numérique qui, elle, continue d’être activable même lorsque les individus qui composent nos réseaux relationnels sont physiquement éloignés de nous. Chez certaines personnes, cela peut être vécu comme une véritable « intrusion », comme nous l’explique Jane, une étudiante parisienne de 21 ans, lorsqu’elle nous décrit avec agacement les moments où son téléphone vibre alors qu’elle est occupée à faire autre chose. Se pose alors la question de savoir comment nous pouvons être seul·es dès lors que nous pouvons faire l’objet d’intrusion de la part d’autrui à tout moment.
Ainsi est-il désormais nécessaire de mettre en place des stratégies pour parvenir à une certaine quiétude hors des notifications, et donc hors du réseau d’interactions qui nous relie aux autres[7]. C’est ce que nous explique Anna lorsqu’elle décrit sa manière d’utiliser son smartphone : le « mode lune » [qui empêche son téléphone de vibrer et donc de la notifier de chaque message reçu] et la désactivation du statut « en ligne/hors ligne » sur ses applications de discussions deviennent des outils lui permettant d’échapper à la sommation rendue possible par la communication numérique. « Des fois j’ai pas envie de répondre, nous dit-elle, je ne veux pas que l’autre personne se sente blessée parce que c’est pas que j’aime pas cette personne mais c’est juste que je préfère me concentrer sur autre chose ». A l’ère de la communication instantanée, être seule pour Anna se paye au prix d’efforts visant à se soustraire du dispositif requérant que constitue le smartphone. C’est ainsi que la solitude n’est pas nécessairement une expérience solitaire mais bien une pratique sociale qui prend la forme d’un jeu de redéfinition constante des rapports entre les individus qui activent et désactivent tour à tour les liens numériques les reliant entre eux.
Bibliographie
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Bordiec, S. (2018). Se vouloir seul. EspacesTemps.net, pp. 1-8.
Bourdieu, P. (1979). La Distinction. Critique sociale du jugement . Paris: Les éditions de Minuit.
Campéon, A. (2015). Solitudes en France : mise en forme d’une expérience sociale contemporaine. Informations sociales, 20-26.
Casilli, A. (2010). Les Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? . Paris: Seuil.
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Durkheim, E. (1960 [1897]). Le suicide : étude sociologique. Paris: Presses universitaires de France .
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Duthy, C. (2020). Les solos : entre émancipation et solidarité : sociologie des épreuves de la solitude résidentielle en milieu urbain. Grenoble: Université Grenoble Alpes.
Elias, N. (1998 [1982]). La solitude des mourants. Paris: Christian Bourgois éditeur.
Giddens, A. (1987). La constitution de la société. Paris: PUF.
Han, B.-C. (2022). La fin des choses. Bouleversements du monde de la vie . Arles: Actes Sud.
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Jauréguiberry, F., & Lachance, J. (2016). Le voyageur hypermoderne. Partir dans un monde connecté. Paris: Erès.
Kaufmann, J.-C. (1995). Les cadres sociaux du sentiment de solitude. Sciences sociales et santé, 123-136.
Kislev, E. (2019). Happy Singlehood: The Rising Acceptance and Celebration of Solo Living. Oakland: University of California Press.
Klinenberg, E. (2012). Going Solo. The Extraordinary Rise and Surprising Appeal of Living Alone. Londres: Penguin Books.
Paugam, S. (2014). Conclusion. Les paliers de l’intégration. Dans S. (. Paugam, L’intégration inégale. Force, fragilité et rupture des liens sociaux. (pp. 479-512). Paris: Presses Universitaires de France.
Peynet, H. (2012). Solitude. Dans M. Formarier, & L. Jovic, Les concepts en sciences infirmières (pp. 278-281). Toulouse: Association de Recherche en Soins Infirimiers.
Putman, R. (2000). Bowling Alone: The collapse and revival of American community. New York: Simon & Schuster .
Schurmans, M.-N. (2003). Les Solitudes. Paris: Presses Universitaires de France .
Simmel, G. (2013 [1903]). Les grandes villes et la vie de l’esprit. Lausanne: Petite bibliothèque Payot.
Slater, P. (1990 [1970]). The Pursuit of Loneliness. American Culture at the Breaking Point. Boston: Beacon Press.
Trépied, V. (2016). Solitude en EHPAD. L’expérience vécue de la relation soignante par les personnes âgées dépendantes. Gérontologie et société, 91-104.
Turkle, S. (2017). Alone together: Why we expect more from technology and less from each other. New York: Basic Books.
Van de Velde, C. (2018). Présentation : sociologie de la solitude : concepts, défis, perspectives. Sociologie et sociétés, 5-20.
[1] La Fondation de France est un organisme privé qui propose de quantifier « l’isolement relationnel », défini comme le fait de ne rencontrer jamais ou très peu de personne en dehors du foyer. (Consulté le 25/10/2023) : https://www.fondationdefrance.org/fr/les-solitudes-en-france/solitudes-2023
[2] Les voyages digital detox font de l’absence de réseau mobile un véritable argument de vente : « si le vrai break c’était justement de tout couper pour se concentrer sur l’essentiel ? » : https://www.voyageursdumonde.fr/voyage-sur-mesure/idees-voyage/sejour-detox-numerique-vacances-deconnectees/151
[3] L’INSEE définit par exemple l’isolement social comme la situation d’une personne qui déclare n’avoir eu que quatre contacts ou moins d’ordre privé au cours d’une semaine. Ainsi en 2019, 6,6 millions de français souffrent d’isolement selon l’INSEE. La plupart des enquêtes contemporaines sur la solitude définissent la solitude de cette manière. Voir : https://www.monalisa-asso.fr/actualites/item/66-millions-de-francais-souffrent-d-isolement-selon-l-insee
[4] Voir mémoire de recherche de Master 2 : « Les usages sociaux de la solitude », Lucas Rostagnat, EHESS, dir. Eva Illouz, 2024. Ce mémoire est une présentation sociologique de la solitude comme stylisation de la sociabilité.
[5] Au cours des deux ans d’écriture de mémoire, nous avons effectués une vingtaine d’entretiens semi-directifs. Voir : mémoire de recherche de Master 2 : « Les usages sociaux de la solitude », Lucas Rostagnat, EHESS, dir. Eva Illouz, 2024
[6] Heidegger reprend cette idée dans Der Satz vom Grund (1957) : « La technique arraisonne la nature, elle l’arrête et l’inspecte, la met à la raison, en la mettant au régime de la raison, qui exige de toute chose qu’elle rende raison »
[7] Il faut rappeler ici que ce besoin de mise en place de stratégies pour atteindre la solitude est le « privilège » d’individus particulièrement intégrés socialement. Nous n’affirmons nullement que la solitude doit toujours être activement souhaitée pour être obtenue chez tous les acteur·ices sociaux. Une enquête de terrain plus poussée qui inclurait des populations souffrant de la solitude permettrait de mettre en perspective ce que ces stratégies de solitude doivent à l’appartenance à une classe sociale aisée.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
L'équipe pédagogique (28 janvier 2025). Fragment d’enquête sociologique sur la solitude à l’ère du numérique. Le Carnet des étudiant.es du Master sociologie de l'Ehess. Consulté le 14 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/136c6